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• 1080; p.-ê. réduction de l'a. fr. martirier « torturer » (→ martyre)I ♦ Exercer un effort sur..., de manière à allonger, à tendre, ou à faire mouvoir. A ♦ V. tr. dir.1 ♦ Amener vers soi une extrémité, ou éloigner les extrémités de (qqch.), de manière à étendre, à tendre. ⇒ allonger, distendre, étendre, étirer, raidir, 1. tendre. Tirer une corde. Tirer sa jupe vers le bas. Tirer ses chaussettes. ⇒ relever, remonter. — Se tirer les cheveux en arrière. Tirer les oreilles à qqn. Loc. Fig. Se faire tirer l'oreille : se faire prier. — Tirer la chaîne d'une sonnette. Tirer la sonnette d'alarme. Tirer les fils des marionnettes. — Loc. Tirer les cordes (vieilli) , les ficelles : faire agir, manœuvrer. L'Allemagne « tire les ficelles et fait agir l'Autriche » (Martin du Gard). — (Sujet chose) Le froid tire la peau. « Le sparadrap, collé sur sa joue, en tirait obliquement la peau tendue » (Flaubert).♢ Techn. Étirer. Tirer du métal en fils (⇒ ductile) . — Loc. fig. Tirer (qqch.) en longueur : faire durer à l'excès. ⇒ allonger. Tirer sa flemme.♢ Spécialt (h. XIIe « torturer ») Tirer un supplicié à quatre chevaux. ⇒ écarteler. — (1530) Région. Tirer une vache. ⇒ traire.2 ♦ (v. 1150) Faire aller dans une direction, en exerçant une action, une force sur la partie qu'on amène vers soi (tout en restant immobile). ⇒ attirer. Tirer un tiroir, pour l'ouvrir. Tirer le frein à main. Tirer l'échelle, le haut de l'échelle, qui était appuyé (contre un mur, etc.). Il faut tirer l'échelle . — Tirer une porte derrière soi, sur soi. ⇒ fermer. — Tirer l'aiguille, l'amener, la ramener vers soi; par ext. travailler à l'aiguille, coudre. — TIRER (QQCH.) À SOI, l'accaparer, le prendre. Tirer la couverture à soi. « Ursus, se mettant de moitié dans le succès de Gwynplaine, et tirant la nappe à lui, comme on dit en langue cabotine » (Hugo). — Fig. Tirer (qqch.) à soi. ⇒ 1. amener, attirer. Tirer un auteur, un texte à soi (en l'expliquant),le solliciter, lui faire dire ce qu'on veut.♢ Faire mouvoir latéralement pour ouvrir, fermer. « Les Turcs se couchent avec le soleil et tirent les verrous sur leurs portes » (Loti). Tirer les rideaux. Tirer le rideau, un voile sur qqch.♢ Tirer le diable par la queue. — Tirer sa révérence à qqn.3 ♦ Faire avancer, mouvoir; déplacer derrière soi. ⇒ traîner; entraîner. Tirer un enfant par la main. « Six forts chevaux tiraient un coche » (La Fontaine). Le remorqueur tire un paquebot. ⇒ haler, remorquer, touer. Tracteur qui tire une machine ⇒ tracter.♢ Tirer la jambe. ⇒ traîner. « Tirant la jambe comme un insecte blessé, il arpenta la chambre » (Martin du Gard).4 ♦ (fin XVe) Fig. et vx Attirer. Tirer l'attention, le regard. « Rien ne tirait l'œil; mais la veste noire était de soie » (Martin du Gard).B ♦ V. tr. ind. ou intr.1 ♦ (v. 1160) TIRER SUR... : exercer une traction, faire effort sur..., pour tendre ou pour amener vers soi. Tirer sur une ficelle. Loc. fam. Tirer sur la ficelle, sur la corde : exagérer, aller trop loin dans la recherche d'avantages. — Tirer sur les rênes, pour arrêter un cheval.♢ Intrans. « Ses crocs s'enfonçaient dans le cuir de ma veste. Il tirait, glissait, tirait encore » (Bosco). Tirer de toutes ses forces. — Tirer à hue et à dia.2 ♦ (déb. XXe) TIRER SUR : exercer une forte aspiration sur. ⇒ aspirer. « tirer tant qu'on veut sur le tuyau de sa pipe et amener à soi toute la quantité de fumée qu'on veut » (Ramuz).♢ Absolt (av. 1850) Avoir une bonne circulation d'air. Poêle qui tire bien (⇒ tirage) .3 ♦ V. intr. Subir une tension, éprouver une sensation de tension. La peau lui tire.II ♦ Se mouvoir, aller dans une direction ou le long de; avancer, progresser dans le temps. A ♦ V. intr.1 ♦ (1170 « tendre vers ») TIRER À. Vx Aller vers. — Mod. Tirer au flanc, au cul (⇒ tire-au-cul, tire-au-flanc) .♢ (1669; tirer à finXVe) Tirer à sa fin : approcher de la mort, être à l'agonie. — (D'une chose) Approcher de sa fin. ⇒ 1. toucher. L'hiver tire à sa fin.♢ Fig. Cela ne tire pas à conséquence : cela n'est pas grave.2 ♦ Fig. TIRER À (XIVe) , VERS, SUR, APRÈS (fin XVe; vx ou région. [Belgique]) :se rapprocher de (qqch.), avoir un rapport (de ressemblance, d'évocation). ⇒ ressembler (à). Un or « tirant un peu sur le beige » (Sarraute).B ♦ V. tr. dir. (tirer la voie « s'acheminer » 1210)1 ♦ Mar. Tirer des bordées.♢ Vieilli Tirer l'eau : déplacer une certaine masse d'eau (en parlant d'un navire). ⇒ tirant.2 ♦ (1789) Fam. Passer péniblement (une durée, un laps de temps). « Il pensait : Il a de la chance; moi, j'ai encore un an à tirer » (Sartre). ⇒ 1. faire. « c'était toujours un dimanche de tiré » (Camus).III ♦ V. tr.1 ♦ (1538) Allonger sur le papier (une figure) en écrivant, en dessinant, en gravant. ⇒ tracer. Tirer une ligne (⇒ tire-ligne) , un trait. Tirer une perpendiculaire. ⇒ abaisser. — Platebande tirée au cordeau. — Techn. Tracer sur le terrain, en creusant, etc. Tirer des canaux. — Tirer un plan, le tracer; fig. l'élaborer. Tirer des plans sur la comète. — Tirer l'horoscope, l'établir (⇒ astrologie) .2 ♦ Vx ou plaisant Représenter ou reproduire graphiquement. « Diderot fut victime d'un petit accident [...] Garand en profita pour tirer son portrait à l'huile » (Billy). Se faire tirer le portrait : se faire dessiner, peindre, par ext. photographier. — (1898) Tirer une épreuve (gravure, lithographie). Tirer des épreuves photographiques (⇒ tirage) .♢ Spécialt (1669) Imprimer. Tirer un livre à mille exemplaires. Par anal. Fabriquer en plusieurs exemplaires. — Journal qui tire à trente mille exemplaires. — (1835) BON À TIRER : mention portée sur les épreuves corrigées, bonnes pour l'impression. Subst. Les bons à tirer, ces épreuves. Les bons à tirer sont déjà chez l'imprimeur. (Abrév.b. à t.)IV ♦ (tirar provenç. 1280)1 ♦ Envoyer au loin (une arme de trait, un projectile) au moyen d'une arme (⇒ tir). Tirer une flèche, une balle. — Tirer un coup de revolver; de fusil, de canon. Tirer un coup de feu sur qqn. — (De l'arme) « C'était encore la petite pièce de canon [...] elle tirait cinq coups par minute » (Stendhal).♢ V. intr. Envoyer un projectile avec une arme (cf. Faire feu). Tirez ! ⇒ 1. feu. Dégainer, viser et tirer. Allus. hist. Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! paroles des soldats français à Fontenoy (1745). — Par ext. Se servir d'une arme à feu. Apprendre à tirer. Tirer bien, mal. Tirer dans toutes les directions. ⇒ canarder, tirailler. Tirer à vue. Tirer sur une cible, à la cible; tirer au but : faire mouche. Tirer sur qqn. ⇒fam. allumer, flinguer. Ne tirez pas sur le pianiste. — Pronom. (récipr.) Se tirer dessus. — Tirer contre (un objectif).— Tirer dans le dos, dans les pattes, dans les jambes. — Tirer à bout portant sur qqn (au pr. et au fig.). Tirer en l'air. Tirer à blanc. — Tirer dans le tas, sur un groupe, sans viser d'individu.♢ TIRER À, avec (telle arme). Tirer à l'arc, au fusil, au pistolet. — (Projectiles, explosifs) « Des compagnies de gardes françaises qui tiraient, à poudre d'abord, puis à balles » (Michelet). Tirer à boulets rouges sur qqn.2 ♦ (1490) Faire partir (une arme à feu), faire exploser. ⇒ décharger. Tirer le canon. — Tirer des fusées. Tirer un feu d'artifice (⇒ pyrotechnie) .3 ♦ (1490) Tirer un coup de feu, ou décocher un trait, de façon à atteindre, abattre (une personne, un animal). Tirer un oiseau au vol. « un talent naturel et singulier pour tirer les perdrix et les lièvres » (Stendhal). Ils m'ont tiré comme un lapin. « Mais oui, t'as tiré vingt parachutistes et tu as arrêté un tank à toi tout seul » (Sartre). ⇒fam. descendre.4 ♦ Par anal. Lancer (la boule) de manière à heurter le cochonnet ou une autre boule. Tirer la boule, et absolt tirer. — Football Shooter. Tirer un corner. — Intrans. Tirer au but.5 ♦ Loc. fam. Tirer un, son coup : avoir un rapport sexuel (homme).V ♦ (1080) Faire sortir. A ♦1 ♦ Faire sortir (qqch.) d'un contenant. ⇒ extraire, retirer. Tirer un mouchoir de sa poche, de son sac. ⇒ prendre, 1. sortir. — Tirer des seaux d'eau d'un puits. ⇒ puiser. — Tirer les marrons du feu. — Tirer qqn du lit, le forcer à se lever. — Tirer la langue, l'allonger hors de la bouche. Ce chien tire la langue de soif. Fig. Tirer la langue. — Tirer une plante de terre (⇒ arracher) . — Tirer les vers du nez, une épine du pied. Tirer son épingle du jeu.2 ♦ Faire sortir, faire couler (un liquide) en le faisant monter, en l'exprimant (⇒ exprimer, extraire). Tirer le jus d'un citron. Tirer une bière (à la pression) (⇒ tireuse) . Tirer le vin (du tonneau). PROV. Quand le vin est tiré, il faut le boire : il faut supporter les conséquences de ses actes. — Tirer au clair. — Tirer des larmes à qqn, le faire pleurer.3 ♦ Spécialt Tirer l'épée du fourreau. ⇒ dégainer. Par ext. Tirer l'épée : se battre à l'épée. — Tirer des armes, les armes : faire de l'escrime. Absolt Il va tirer à la salle d'armes. « moi qui tirais très mal » (Goncourt).4 ♦ (1580; des expr. tirer une carte du jeu, un billet d'un chapeau, etc.) Choisir parmi d'autres, dans un jeu de hasard. Tirer une carte, un numéro de loterie. Tirer le bon, le mauvais numéro. — Tirer les cartes : dire la bonne aventure, prédire l'avenir à l'aide des cartes, des tarots (⇒ cartomancie) . Se faire tirer les cartes. — Tirer la fève. Par ext. Tirer les rois, à l'Épiphanie.— Désigner, faire désigner ou être désigné par un procédé de hasard. Tirer les lots au sort. (1843) Tirer à la conscription. (1840) Tirer à la courte paille.5 ♦ Enlever, ôter (un vêtement, un ornement). Tirer son chapeau (pour saluer). « Je lui tire tout de même ma casquette » (Aragon).6 ♦ (Compl. personne) Faire cesser d'être dans un lieu, une situation où l'on est retenu. ⇒ délivrer. Tirer des blessés des décombres. ⇒ dégager. Tirer qqn de prison. Tirez-moi de là ! — (D'une situation pénible) Tirer du danger. Tirer d'affaire, d'embarras, d'un mauvais pas. ⇒ dépêtrer, 1. sortir. « Il les tire du sale pétrin où ils venaient de se fourrer » (Céline). — « Ce succès qui le tirait de l'obscurité » (Gautier).♢ Fig. Faire cesser d'être dans un état. Tirer qqn du sommeil. ⇒ réveiller. Un bruit le tira de sa rêverie. — Tirer qqn du doute, de l'erreur (⇒ désabuser, détromper) .B ♦ Spécialt Obtenir en séparant, en sortant de.1 ♦ (v. 1370) Obtenir (un produit) en utilisant une matière première, une source, une origine. L'opium est tiré d'un pavot. ⇒ provenir. — Tirer des sons d'un instrument. ⇒ produire. Un cabanon « qui tire son jour de ces petites cours intérieures » (Balzac).2 ♦ Obtenir (qqch.) d'une personne ou d'une chose. ⇒ gagner, recevoir , recueillir. « Savoir tirer de l'instant qui passe toutes les joies qu'il peut donner » (Louÿs). — Tirer avantage, parti, profit de... ⇒ profiter. Tirer gloire, vanité de (qqch.) :s'enorgueillir, se prévaloir de. « Il tirait argument et avantage de ce qu'il m'en coûtait de céder à mon désir » (A. Gide).♢ Obtenir (des paroles, des renseignements) de qqn. « il interrogeait un député, dont il tâchait de tirer adroitement des nouvelles » (Zola). On ne peut rien en tirer : il reste muet. « il m'est impossible de rien tirer d'elle. Elle est plus fermée qu'une jeune fille » (Morand). — Par ext. Obtenir (un comportement, une action) de qqn. On ne peut rien en tirer, il n'y a pas grand-chose à en tirer.3 ♦ Obtenir (de l'argent, un avantage matériel). ⇒ retirer. Tirer de l'argent de qqn. ⇒ extorquer (à), soutirer (à); racketter. Tirer un revenu, de l'argent d'un capital, d'un immeuble. ⇒ percevoir. Tirer sa subsistance de (un travail...). Il « tirait des appointements convenables de sa collaboration à la revue d'art » (Martin du Gard). ⇒ gagner. Je n'ai pas pu tirer grand-chose de ma vieille voiture.♢ Pop. Voler. Se faire tirer son blouson.♢ Fin. Tirer une lettre de change, un chèque, de manière à prélever une somme sur le crédit d'un compte. ⇒ chèque; tiré, tireur. — Ellipt Tirer sur le compte de qqn, sur qqn.4 ♦ (1636) (Abstrait) Faire venir (une chose) de. ⇒ dégager; déduire, inférer. Tirer des conséquences d'une formule. Tirer des conclusions. ⇒ conclure . Il ne faudrait pas en tirer la conclusion que...5 ♦ (1691) Emprunter (son origine, sa raison d'être [de] qqch.). ⇒ prendre. Tirer son origine, sa source de : descendre, venir de. ⇒ provenir. « Un héros. De lui la tribu tirait son nom » (Fustel de Coulanges). — Tirer sa force, son pouvoir, son importance de...♢ Dégager d'un ensemble (un élément) pour l'utiliser. ⇒ prendre, puiser. « Tirer de tout ce qui passe dans la société matière à roman » (Sainte-Beuve). Tirer des citations d'un texte. ⇒ extraire. — (Choses) Les langues romanes tirent la plupart de leurs mots du latin. ⇒ emprunter.♢ Élaborer, faire, en utilisant des éléments que l'on a extraits. Tirer une morale d'une doctrine. ⇒ dégager, interpréter. Tirer la leçon d'une expérience. « L'esprit philosophique sait tirer philosophie de toute chose » (Renan).VI ♦ SE TIRER v. pron. (1265 « se rendre quelque part »)1 ♦ Fam. Partir, s'en aller; s'enfuir. « Ah ! sur ce, je me tire... il est grand temps » (Sarraute). Se tirer en douce. « Reprends ton billet et tire-toi, avant que je me fiche en colère » (Sartre). — Se tirer des flûtes.2 ♦ (1835) Fam. S'écouler lentement, en parlant d'une durée; toucher à sa fin, en parlant d'une tâche. Et ce stage ? — Ça se tire.3 ♦ (v. 1500) SE TIRER DE... : échapper, sortir de (un lieu où l'on est retenu, une situation fâcheuse). Se tirer d'un endroit par miracle. ⇒ 1. sortir. Se tirer des pattes de qqn. ⇒ échapper. Se tirer d'affaire, d'un mauvais pas, fam. du pétrin. ⇒ 1. sortir (s'en sortir).♢ Venir à bout (d'une chose difficile). ⇒ se débrouiller, se dépêtrer, se sortir. Se tirer avec habileté d'un sujet épineux.4 ♦ (1642) S'EN TIRER : en réchapper, en sortir indemne. Il est très malade, mais il s'en tirera. Il s'en est tiré à bon compte. Réussir une chose délicate, difficile. Il s'en est bien tiré. ⇒ réussir. Ma famille « n'était pas riche. On s'en tirait, voilà tout » (Maupassant). « Vivre seule, on s'en tire, on s'y fait » (Colette).♢ En être quitte pour. « Avec de la protection, tu t'en tireras avec dix-huit mois de service » (Aragon).⊗ CONTR. Détendre, relâcher. Pousser. Éloigner, 1. repousser. — Enfoncer, entrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.